Avec des collègues et nos filles adultes, nous avons commencé dès la seconde semaine de confinement à réfléchir ensemble sur comment transformer ce temps contraint d’assignation à résidence pour commencer tout de suite maintenant à préparer « le monde d’après », pour que rien ne soit plus comme avant.
Tout d’abord, ça nous a fait un bien fou, « c’était stimulant, ça m’a sorti de ma torpeur » me disait Sarah.
Préparer le monde d’après, pour que rien ne soit plus comme avant, ça parait ambitieux, non ? un peu fou ? Voire bisounours, écolo, intello, bobo… Comment peut on réfléchir dans notre présent confiné, notre futur et notre avenir sans OSER sortir du cadre, sans ouvrir nos imaginations, sans changer nos modes d’appréhender le monde ? Comment se projeter face à temps d’inconnues et d’incertitudes ? Comment être créatives le cul collé sur une chaise ? Je ne sais pas faire.
Je ne sais pas continuer sans me dire que j’ai du pouvoir d’agir
à mon niveau et avec mes ressources et surtout – surtout c’est ce qui est essentiel – sans le collectif sans les autres.
Solidaires pas solitaires, j’aime bien ce hastag, il me donne de l’espoir.
Je découvre sur les quelques réseaux sociaux sur lesquels je suis peu active (voir endormie pour FB) une floraison d’initiatives qui me nourrissent d’espoir.
Je découvre autour de moi, des initiatives simples comme prendre contact avec ses voisins âgés qu’on ne connait que de vue pour offrir son aide, son écoute, et ce que cela apporte de lumière et de joie à ces personnes ; comme coudre des masques pour les membres de sa famille…
J’ai la chance d’être à mon compte, de disposer d’un bureau et de matériel adapté pour le télétravail, je n’ai pas de salarié.e, je n’ai pas de travail et je n’en aurai pas pendant plusieurs semaines voire mois. Je suis libre totalement d’utiliser mon temps de confinement pour réfléchir, lire, me former en ligne, approfondir des projets qui étaient en gestation, prendre contact avec mes partenaires, mes clients pour prendre des nouvelles et les écouter, j’ai le temps pour aller explorer des champs inconnus via les outils internet et par l’introspection.
Je suis LIBRE et c’est un privilège énorme.
J’agis dès aujourd’hui, en partageant, en mettant en lien, en invitant à la réflexion d’autres personnes, en portant des gâteaux à mon jeune voisin confiné seul dans son studio, en allant prendre des nouvelles de Thérèse, 90 ans qui est seule dans sa maisonnette.
Solidaires pas solitaires. C’est le seul moyen d’avancer, alors que personne ne sait, personne ne peut prévoir aujourd’hui la fin totale de cette parenthèse liberticide, sauf tous ceux qui nous inondent de leurs prophéties.
C’est si difficile de se projeter.
Est-ce que les calendriers et agendas prévus de longues dates vont être maintenus. Va t’on reprendre des réunions en présentiel sur le mode interminable comme avant. Alors que nous découvrons le bonheur du silence et de l’air propre en ville, chacun-chacune va t’il-elle reprendre son rythme d’avant et aller chaque jour dans sa voiture perso pour travailler sur des missions qui sont dans classés officiellement dans la catégorie non essentielles ?
Va t’on repartir passer des week-end low-cost en avion dans des capitales européennes ou sur des plages méditerranéennes comme avant, sans se soucier de qui appauvrissent nos week-ends de villégiature.
A part rester chez moi et proposer mon temps en tant que bénévole aux associations en besoin, je ne peux rien faire contre le COVID 19, car mon métier n’est pas dans la catégorie des faiseurs.
Par contre je peux agir aujourd’hui pour préparer demain (penser, connecter, faciliter, conter). C’est une opportunité inouïe de toucher des personnes dont la majorité est chez elle derrière un écran d’ordi ou de smartphone.
Sauf qu’au bout de 2 mois, il y a saturation.
Si le COVID 19 s’est propagé si rapidement dans le monde, faisons comme lui, utilisons les modes de transport de l’information pour contaminer – je préfère essaimer – le plus de personnes pour construire ensemble un futur écologique, social, éthique, solidaire et féministe.
Par cluster, contaminons 3 personnes, qui contamineront 3…..plantons des graines, arrosons…par 2, par 4, par 8… vers une exponentielle.