Et si le crash test mondial du COVID-19 était une occasion de revisiter l’efficacité de nos pratiques de professionnel.les de la transition et de l’adaptation au changement climatique ?

Cela fait bientôt 25 ans que je travaille à sensibiliser les organisations et les territoires à l’importance, puis à l’urgence de s’organiser pour préparer, puis accélérer la transition écologique, pour se préparer aux changements climatiques que nous n’avons pas su réduire et qui font déjà des dégâts économiques, sanitaires et sociaux sur nos territoires.

J’ai fait évoluer mon discours, mes pratiques, mes méthodes.

Pour mobiliser, je me suis référée aux grands engagements mondiaux, européens, nationaux, régionaux. J’ai essayé la rationalité scientifique et technique, la preuve par les chiffres, la communication engageante, la communication non violente, la pédagogie positive, le story-telling, l’humour, l’imaginaire, l’approche individuelle, l’approche groupe, l’approche politique, l’intelligence collective, le partage des bonnes pratiques, le partage des erreurs…

A part la chorégraphie, je pense que j’ai tout tenté

Cette crise du COVID, je l’ai prise en plein dans la figure – comme beaucoup d’entre nous-et je la vis comme un « crash test » préfigurant de ce qui nous attend avec le changement climatique. Avec une petite musique insidieuse qui me susurre à l’oreille « on a tout essayé pour sensibiliser aux chocs (dont climatiques) depuis des années, si on s’était mieux préparé on aurait pu l’éviter ou le prendre moins fort. Tout ce que tu fais depuis 25 ans, tout ce que fait la communauté des personnes qui porte ces mêmes messages ces mêmes valeurs sur la transition écologique ça a servi à quoi ?». Même si une autre voix me dit que les changements de société c’est plus compliqué que ça. Ca fait mal.

Et si nous – la communauté des professionnel-les de la transition écologique commencions par interroger l’efficacité de nos pratiques professionnelles. Si nous acceptions de faire le double constat que les messages sur le changement climatique ne sont pas suffisamment passés auprès des décideurs pour déclencher des actions à la hauteur des enjeux  et que les territoires et les organisations ne sont pas assez préparés pour faire face aux impacts du changement climatique, comme ils ne le sont pas pour faire face à ce nouveau virus.

Le choc de la pandémie COVID 19 nous invite à nous questionner pour améliorer nos pratiques.

Avec Rachel, Stéphane et Guillaume, tous les quatre engagés professionnellement pour accompagner les territoires et les organisations à réduire leurs vulnérabilités aux impacts du changement climatique, nous avons décidé d’interroger nos pratiques professionnelles, d’exprimer nos prises de consciences, de tirer des enseignements de la « crise de la COVID 19 ».

Notre intention début 2020 était de construire un « outil déclencheur » : pour faire prendre conscience qu’il est vital à pour toute organisation, tout territoire de se préparer sans attendre à faire face aux bouleversements du changement climatique. La « crise de la COVID 19 » a fait office de déclencheur.

Aujourd’hui, collecter les expériences vécues dans les territoires et les organisations, analyser ce qui a fonctionné, ce qui a été difficile, écouter les ressentis, souligner les liens entre la crise du COVID 19 et des futures crises climatiques, va enrichir nos approches.

Elles seront mieux ancrées, plus terrestres, parce que nous appartenons aujourd’hui tous à une même communauté, celle qui a vécu dans son quotidien cette crise.

Article rédigé par C.Bossis, Greenselipar sous le regard bienveillant de Rachel Jouan, Climate Adaptation Consulting, Stéphane Simonet Acterra et Guillaume Simonet Abstraction Services, 15 mai 2020. Illustration de Anna KEDZ

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